L'écrit web, courant d'air sémantique
Une des grandes nouveautés d'Internet depuis les bonnes vieilles pages de Gutenberg, c'est l'espace de lecture en trois dimensions. Ecrire pour le web ce n'est pas "écrire plus court", c'est surtout écrire en volume. Cela signifie penser l'article comme une unité de sens au sein d'un ensemble sémantique cohérent, une étape dans un parcours de navigation interactif vivant.
Le journaliste de presse écrite ou le rédacteur traditionnel conçoivent leur texte avec une logique linéaire : le titre, l'accroche, le développement, l'image, etc. D'une certaine manière, ils maîtrisent le sens de la lecture de gauche à droite avec un début et une fin.
Le rédacteur web, lui, doit penser son texte comme une succession d'éléments accessibles depuis n'importe où sur la toile et repartant vers une multitude de contenus. L'écrit web est un courant d'air sémantique. Le rédacteur web ne sait pas d'où viendra son lecteur et sur quels liens hypertextes il voudra repartir.
Comme écrit ailleurs sur ce blog, "pour créer un contenu éditorial adapté à un site web, il s’agit surtout d’avoir conscience de l’espace disponible." Penser chaque texte comme une partie autonome d'un tout, donner à voir l'information accessible sans submerger l'internaute, c'est cela toute la spécificité de l'écriture "en volume". Cela suppose d'avoir une excellente connaissance de l'ensemble des contenus d'un site (d'où l'intérêt d'avoir un outil de gestion de contenu efficace).
Et comme nous sommes plus habitués à lire et à dérouler une pensée "linéaire", ce mode de fonctionnement ne va pas de soi. Selon moi, il faut plusieurs années d'expérience pour arriver à penser en volume. Peut-être les jeunes générations qui passent leur temps à surfer en ligne auront-elles plus de facilité (ce n'est pas que je me sente une vieille "chnoque" mais quand j'ai découvert l'Internet en 1998, j'avais déjà au moins vingt ans de lecture linéaire derrière moi...) ?
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