Elie Sloïm : « La qualité web est-elle l’avenir du SEO ? »
Bonjour Elie ! A Lille, tu as terminé ta conférence au SEO Camp'us en posant cette question « la qualité web est-elle l’avenir du SEO ? ». Que voulais-tu dire exactement ?
En fait, j'affirme carrément que la qualité web est l'avenir du SEO. Le travail de Google en tant que moteur de recherche est de classer les pages en fonction de leur qualité. Pour une même requête, les résultats sont classés en fonction de nombreux critères : liens les plus pertinents, liens de confiance, bonne performance du site, infos de réassurance ou d'autorité, bonne accessibilité du site, compatibilité mobile. Si tu regardes de plus près les enjeux du classement de Google, tu vois que le moteur cherche à valoriser les sites Internet qui proposent une expérience de qualité aux utilisateurs.
D’ailleurs, c’est le message que Google a fait passer aux webmasters en 2013 : « In general, webmasters can improve the rank of their sites by creating high quality sites that users will want to use and share. »
Le référencement naturel évolue pour intégrer des critères de qualité web, c’est-à-dire améliorer l’ergonomie, le contenu, l’accessibilité. Progressivement, les activités SEO et la qualité Web convergent.
Comment tu définirais la « qualité web » ?
C’est une question que j'ai posée en 2001. Pour ceci, j'ai travaillé sur une modélisation des exigences des utilisateurs basée sur 5 axes principaux :
- Visibilité : être rencontré par des utilisateurs potentiels
- Perception : être utilisable et correctement perçu par ses utilisateurs
- Technique : fonctionner correctement
- Contenu : délivrer de l’information de qualité
- Service : proposer, accompagner, générer la réalisation de services de qualité
Ensuite, en 2004 avec la société Temesis, nous avons voulu voir s’il existait des fondamentaux, des critères universels, vérifiables, transparents pour chaque discipline, nous avons listé les bonnes pratiques : accessibilité, éditorial, référencement, ergonomie, sécurité, performance. Nous avons soumis ces règles dans des ateliers publics de discussion. Ça a donné le lancement du projet Opquast (Open quality Standards). Vous pouvez retrouver ces règles dans le livre « Qualité web : les bonnes pratiques pour améliorer vos sites » en 2012. Et l'une des particularités, c'est que les bonnes pratiques sont sous licence ouverte.
Ok, vous avez cherché à créer un standard de qualité transparent ?
Exactement. Depuis quinze ans, les gens utilisent le web de manière libre mais la qualité ne progresse pas. Notre ambition est d’améliorer massivement la qualité du web en travaillant sur les compétences transverses des professionnels du web.
Depuis le début, Temesis propose des audits, des formations autour de la qualité web.
Plus récemment, nous avons fait évoluer la marque Opquast pour proposer un certificat de compétences web avec une approche très transversale. Nous avons créé un test dont l'objectif est de générer de la reconnaissance pour professionnels du Web, un certificat capable de valoriser ceux qui connaissent les fondamentaux sur Internet. En gros, ça fonctionne sur le modèle du TOEIC (c) mais pour le web. Les professionnels qui passent ce test obtiennent un score compris entre 0 et 1000. Et ça permet de vérifier que les pros connaissent les bases du digital.
Pourquoi faudrait-il connaître les bases ?
En fait c’est comme en médecine, si tu es radiologue, on attend de toi que tu connaisses la base des autres disciplines. Sur le web, tu vas avoir des hyper-spécialistes dans chaque discipline : SEO, UX, conception, rédaction, développement. Nous n'avons pas pour objectif de remplacer un ergonome, un référenceur, un développeur, un designer ou un rédacteur web. Nous, notre métier c’est de vérifier que tout le monde possède la base d’une connaissance commune qui permet de prévenir les risques fondamentaux.
Aujourd’hui, on considère que tous ces spécialistes font leur travail ensemble mais la plupart du temps, ils avancent sans tenir compte des risques de base liés aux autres métiers. Il manque quelque chose d’essentiel. Par exemple, si tu travailles sur les aspects éditoriaux, tu dois avoir conscience des bonnes pratiques en termes de performances par exemple. Tu dois connaître les risques liés à l’utilisation de tel ou tels outils. Sinon, tu risques de prendre des mauvaises décisions. Ta culture générale dans le domaine technique va améliorer tes compétences au global et tu vas faire de meilleurs choix.
Quel est l’intérêt pour l’entreprise de faire certifier les membres de son équipe web ?
L’entreprise maîtrise mieux les risques. La certification permet d’assurer l’homogénéité des compétences dans les équipes, de construire une véritable culture web partagée par tous, de faire avancer la transformation digitale dans l’entreprise. Ces formations, c’est un véritable outil de transformation. Ca permet de parler le même langage, de mieux travailler avec ses prestataires.
Combien ça coûte de passer le certificat Opquast sur la « qualité web » ?
Le tarif de base est d'environ 150€HT par personne. Ça comprend l'accès à une plate-forme d'entrainement et le passage du test. Et sinon, nous avons 15 agences et 15 écoles partenaires sur tout le territoire français qui font passer le certificat à leurs salariés et étudiants. Pour l'instant, nous avons environ 500 personnes qui ont passé le test en France et ça se développe rapidement.
Merci Elie :-)
Et pour en savoir plus
Opquast, l'arme fatale contre les pipeauteurs du web
Télécharger un extrait du livre "Qualité web" "Y’a du boulot !"
Dossier "La qualité des sites web"